C’est l’avis des salariés mais les employeurs ne pensent pas la même chose. En France, le blocage est avant tout culturel, voire juridique.
Travailler chez soi comme au bureau. Les salariés français ne sont pas contre : selon un sondage réalisé en février par Maximiles pour Citrix Online (sur 1 169 salariés d’entreprises hexagonales) : 87% d’entre eux estiment que ce mode permettrait d’être «autant voire plus productif» et 72% considèrent que le télétravail au sein d’une entreprise « serait un argument dans leur recherche d’un nouvel emploi ».
Ça ce sont leurs doléances, et on peut les comprendre. Leurs employeurs raisonnent différemment et mesurent les inconvénients qui seraient les leurs.
Même si aucune étude n’existe pour quantifier le télétravail en France, tout le monde s’accorde à reconnaître que nos entreprises affichent un sérieux retard en la matière par rapport à leurs homologues européennes.
Et, quand il est appliqué, il ne l’est que depuis récemment (donc avec un recul insuffisant pour l’analyser) et, surtout, il reste « partiel » dans la très grande majorité des cas : 55,1% des salariés ayant accès au télétravail indiquent avoir droit à cette possibilité depuis plus de deux ans, et 63,7% d’entre eux rappellent que le télétravail ne doit pas excéder une semaine par mois.
Pourquoi un tel retard ? La conception « libérale » et moderne du télétravail, fondé sur un rapport de confiance entre patrons et salariés, effraye encore les employeurs français attachés au « présentiel » et à un modèle de gestion très hiérarchisé des entreprises.
2. Juridique
On sait que le télétravail peut se traduire (mais pas seulement) par des heures professionnelles effectuées à domicile, ce qui peut donner le sentiment aux patrons de ne plus pouvoir contrôler l’activité de leurs salariés.
De plus, le vide juridique qui a entouré le télétravail jusqu’à son introduction fin 2011 dans le Code du Travail, expliquait la prudence des employeurs en la matière : désormais, la loi, qui reprend les principales dispositions définies par l’accord interprofessionnel de juillet 2005, stipule notamment que le télétravail garantit les mêmes droits que ceux dont bénéficient tous les autres salariés exerçant dans l’entreprise.
Le texte précise aussi que le télétravail ne doit pas être une formule imposée mais doit être le fruit d’un accord avec le salarié concerné.
Les outil de travail utilisés par ce dernier doivent également être pris en charge par son employeur (ce qui le distingue définitivement du contrat de mission utilisé, par exemple, pour les auto-entrepreneurs).